Un toit aux allures de coque de bateau réserve dans ses entrailles une marée d'espaces fonctionnels et agréables conférant une nouvelle dimension à l'habitation. Un étage est gagné. Et l'alcôve distille le charme du bois. Cap sur un concept encore peu ancré dans nos paysages. Mais qui promet bien des horizons.
Occuper sa maison jusqu'à son ossature même, c'est bien plus qu'une image. Une alternative aux structures classiques de charpente permet en effet d'investir tout l'espace sous-toiture, traditionnellement sacrifié en greniers et autres débarras. Aussi beau qu'ingénieux, le procédé des «charpentes en résille lamellaire losangique» (en nid d'abeilles) rappelle étrangement la coque d'un bateau. Une technique remise à l'honneur et qui s'inspire des combles développés vers le milieu du XVII e siècle par Philibert de l'Orme, architecte bâtisseur du roi de France Henri II.
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La structure de cet ouvrage est constituée d'un réseau de planches de petite longueur, placées sur chant, et s'entrecroisant pour former un assemblage en résille losangique (nid d'abeille). L'ensemble est réalisé de telle manière que les efforts mécaniques s'exercent verticalement sur les murs porteurs. Les maçonneries ne seront donc soumises à aucune poussée horizontale. Cette conception combine à la fois la légèreté de l'ouvrage et une remarquable résistance à l'effort, les charges s'exerçant uniquement dans le sens de la longueur des planches.
Cet appareillage permet de réduire au minimum l'épaisseur des pièces de bois, entraînant ainsi un allégement de la toiture. Ainsi qu'une diminution de la quantité de bois utilisé.
La disparition des traverses nécessaires à la réalisation d'une charpente classique (en triangle) permet une exploitation maximale du volume utile des combles. Et ce en augmentant la surface de circulation en station debout. Cette solution permet d'envisager la réaffectation des combles existants, sans qu'il ne soit nécessaire de surélever les murs porteurs, ni de modifier les proportions des façades. On peut considérer un gain de 50 à 60 % par rapport à un profil triangulaire classique. Résultat des courses: on gagne ni plus ni moins qu'un étage.
Techniquement, le montage des charpentes se fait à l'avancement, c'est-à-dire en partant de la sablière (pièce de bois horizontale reposant sur les murs porteurs et sur laquelle repose la base de la charpente) et en remontant. Les planches sont pincées entre elles par une pièce métallique boulonnée, créant ainsi un N. Un noeud de tension. Les versants seront étayés par des chevalets, en attendant d'être raccordés sur la faîtière. L'appareillage des éléments se concrétise par une structure unique, en forme de coque. Cette conception autorise des interventions aisées en cas de nécessité de réparation: les planches qui la constituent sont facilement remplaçables. Et ce par l'intérieur, sans démontage de la couverture.
Différentes solutions d'isolation et de couverture peuvent être réalisées, suivant que l'on opte pour une finition dont le squelette sera ou non apparent. Le traitement des bois se fera une fois pour toutes à l'huile d'imprégnation ou au sel de bore.
Reste à noter que cette technique revisitée permet également d'édifier, outre des structures en coque, toutes sortes de courbes. Notamment des coupoles. Enfin, détail non négligeable, le prix: le procédé peut se targuer de concurrencer celui des charpentes classiques. Bref, tout à y gagner.
Ce système, qui manie subtilement la clef de voûte et les arcs-boutants, principe élémentaire emprunté au style gothique, nous apporte un ouvrage d'une remarquable ingéniosité. Et d'une grande pureté de ligne.